Le voyageur émerveillé face à l’océan de nuages
Le Voyageur émerveillé par une mer de nuages est une œuvre du peintre allemand Caspar David Friedrich. Cette œuvre semble présenter l’artiste qui recherche de l’inspiration dans la contemplation du monde. Mais, il apparaît clairement que cette projection est assez simpliste voire réductrice, le peintre a certainement voulu en dire davantage par ce tableau.
Cela est d’autant vrai que cette œuvre sort de la pratique ordinaire de l’artiste. Lui le spécialiste des peintures de paysage a opté pour le format portrait pour cette œuvre. Ce choix influence non seulement sa composition mais aussi l’interprétation qu’on peut en faire.
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Plan de l'article
La dimension de l’homme
Lorsqu’on regarde la toile du voyageur contemplant une mer de nuages, on remarque toute de suite l’homme qui occupe une position centrale. Le peintre s’est arrangé à ce que la silhouette de l’homme vêtu de couleur sombre se dégage nettement au premier regard.
La chemise qu’il arbore est blanche, le pantalon et la redingote semblent être de couleur vert foncé. L’homme ne porte de pas de chapeau, il tient dans sa main droite une canne pourtant sa main gauche est invisible. Il porte des chaussures dont seule la gauche est visible.
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Au-delà des nombreuses remarques que l’on peut faire sur la tenue de l’homme, on remarque qu’il est seul et est représenté de dos. Il apparait clairement que le peintre n’a pas voulu donner d’identité à son personnage. Celui-ci reste anonyme, un choix qui est caractérise bien le style de Friedrich. La position de l’homme est telle qu’en même temps qu’il nous invite à entrer dans le paysage, il dissimule peut-être la chose la plus importante à voir.
La dimension du paysage
De part et d’autre de l’homme, on distingue deux amas de roche qui émergent d’une abondance de nuages qui brouillent les repères d’espace. Dans un plan plus lointain, on observe des montagnes à l’horizon ainsi que le ciel.
L’effet de ce paysage est accentué par les couleurs choisies par Friedrich. Les éléments (nuages, brume et ciel) s’enchevêtrent dans une nuance subtile de bleus allant du blanc-bleuté au gris-bleuté.
Les montagnes lointaines se mêlent au ciel au-dessus de la ligne d’horizon qui est gommée. Ce style pictural assez saisissant donne une impression de vide ainsi qu’une sensation de vertige qui est davantage accentuée par l’homme qui est positionné au bord du gouffre.
Même après une longue observation, il est impossible d’avoir la situation géographique de la scène. En outre, il se peut aussi que le paysage que l’homme regarde ne soit pas réel et qu’il soit juste une recomposition dont Friedrich était coutumier.
Le rapport entre l’homme et le paysage dans la composition de l’œuvre
La technique utilisée par l’auteur cette œuvre est celle de la perspective atmosphérique. Il s’agit d’une technique picturale consistant à créer une illusion de profondeur sur un support en 2D (deux dimensions). Cela se fait par l’application de tonalités et couleurs dégradées au fur et à mesure que la distance voulue augmente.
Friedrich a adapté cette technique créée par Léonard de Vinci en s’arrangeant que la profondeur apparaisse au second plan et non au dernier. La mise en œuvre de cette technique va créer une sensation de vertige.
L’effet de verticalité qui découle de la posture du personnage est accentué par la hauteur de la toile. Les lignes de force créent un paradoxe visuel en parcourant l’espace de chaque côté du voyageur pour donner l’illusion d’un paysage qui se prolonge à l’infini.
La position de l’homme au premier plan du tableau engendre une frustration pour l’œil de l’observateur car le point de fuite se trouve précisément sur l’homme. Si l’on considère que le voyageur voit ce point de fuite, alors l’observateur est confronté à une double frustration : il n’est pas en mesure de contempler paysage peint par l’artiste et en plus il ne peut voir le visage de l’homme (le randonneur).
Il y a beaucoup à dire sur ce chef d’œuvre assez déroutant de Friedrich, mais on peut en définitive retenir que l’auteur appelle à notre intuition ou alors notre imagination pour se projeter dans cette peinture.